18 février 2019

retour en France

Après la première période à Marrakech où j'ai appris beaucoup, je suis finalement rentrée en France.
Il y avait des désaccords ou des incompréhensions entre ce qui avait été promis au départ et ce qui a été découvert à mon arrivée.

Je ne sais pas comment on peut travailler avec des enfants de 2 classes en étant à mi-temps sur chacune d'elle, un jour dans l'une, un jour dans l'autre. Je ne pouvais observer les enfants suffisamment, étant dans l'autre classe le lendemain de ma présentation. Le matériel de français était souvent en un seul exemplaire pour les deux classes. Je me promenais avec pour faire mes présentations. Il n'était donc pas assez disponible dans la classe pour que les enfants puissent continuer leur travail...

J'ai cherché des solutions mais nous n'avions pas la même façon de voir les choses. J'ai beaucoup aimé les gens et leur générosité, mais j'ai fini par me sentir loin, trop loin de mes enfants, de mon mari et de mon pays.

J'ai donc annoncé mon départ... et je suis revenue dans ma région.

J'ai commencé à chercher du travail, car je n'avais plus de droits à la sécurité sociale en France pendant 3 mois ! Même mariée, même française, payant mes impots ici. Le choc !

J'ai accepté de travailler dans une école près de chez moi, alternative, d'inspiration Montessori, dans une situation catastrophique. L'enseignante (de collège) très volontaire pourtant, n'avait fait qu'une semaine de formation et c'était retrouvée débordée avec cette classe d'enfant pour certains pas tout à fait classiques. Elle avait donné sa démission juste avant la rentrée de novembre. L'école était très désorganisée. Les enfants de 2 ans 1/2 à 10 ans dans une seule classe...non structurée. Après le monde de l'associatif que j'avais connu à Primevère, me voici dans le monde des écoles entreprises hors contrat.

Il faut se battre, connaitre les lois, faire respecter au mieux les enfants, les familles, la convention collective aussi pour être un peu protégée. J'ai dû faire comprendre que Montessori ce n'est pas n'importe quoi ! Il a fallu tempêter, menacer de partir à mon tour, utiliser la lettre recommandée...Mais ça marche. Nous sommes une période après sur un terrain de confiance. Tout n'est pas fini et je travaille beaucoup, mais ça porte ses fruits.

Par contre, c'est épuisant ! J'aurais aimé me consacrer seulement à ma classe. Quelle vision naïve !
Je me suis retrouvée directrice sans le vouloir... et seulement 2 h de direction payée. Il a fallu me battre pour stabiliser l'équipe et garder mes collègues. L'une d'elle est finalement partie. Trop de précarité. oui c'est le mot : précarité !

La vie de ces petites écoles est précaire !
Loyer et charges sont hors de prix car il faut investir pour répondre aux différentes normes et c'est coûteux. Le personnel est l'autre charge qui représente aussi une grande partie. Plus le reste...le papier, les consommables d'imprimante, le savon, pq et autres broutilles qui vont vite ! ... petites mains en pleine découverte oblige !
Le budget sortie est vite un gouffre : 40 km -Lyon confluence 1'aller-retour : 350 euros !
Une sortie à la médiathèque par le bus de ville : 40 euros.
Tout est à la charge des parents, ce n'est donc pas étonnant qu'ils déboursent au minimum 450 euros par mois.

Mais pour ces familles c'est souvent un vrai investissement ! cela représente une part importante de leur budget, surtout dans une petite ville moyenne où les salaires ne sont pas mirobolants !
Tout le monde donne du sien pour que ces petites écoles existent.
Mais les enfants y sont heureux, ils partagent ils y vivent des expériences vivantes.
N'est ce pas pour cela que nous le faisons ?

Maria Montessori voulait que ses écoles soient de petits laboratoires où la vie soit une expérience enrichissante : la main est l'instrument de l'intelligence.
L'espace est lumineux...

C'est à l'adulte de rendre cela possible pour que la main de l'enfant travaille, et son cerveau se construira dans un environnement sans compétition, mais où la bienveillance envers soi-même et envers les autres s'apprenne petit à petit.

Non la vie des petites écoles n'est pas un long fleuve tranquille ! mais c'est passionnant !




1 commentaire:

Filo a dit…

Bravo pour votre détermination, votre honnêteté pour partager les difficultés et votre optimisme qui en devient contagieux. Bon courage!