27 novembre 2007

douleurs d'orthographes ...

Ou comment il arrive que les "douleurs d'orthographe"
soient le signe d'une nouvelle naissance !


Ma fille aînée est souvent bloquée par l'orthographe, la grammaire, les conjugaisons, ... bref par la peur de se retrouver une fois de plus face à :

"tu as fait une faute !"

Je souhaite VRAIMENT l'aider, et je suis très embêtée...
elle n'est vraiment pas motivée !
Elle ne voit pas pourquoi il faut écrire ainsi,
elle trouve que "ça suffit puisque tu arrives à me lire !"
répète très souvent, avec le ton de ses 11 ans, comme pour en finir :

"mais c'est pas grAAAAve !"...


Et pourtant, comme vous avec vos enfants, je souhaite qu'elle ne s'arrête pas
à la "merveilleuse" écriture "texto" !
Comme on me l'a écrit récemment:

"comment faire comprendre à l'enfant
l'intérêt de l'orthographe ?"

Au début, je me suis dit : les enfants sont comme nous, ils cherchent à savoir si l'effort en vaut la peine, ... aidons les à réfléchir là dessus.

J'ai donc trouvé quelques pistes sur Internet pour voir les opinions communément véhiculées et j'ai trouvé des débats du genre :
"prendre soin de son orthographe est ce important et pourquoi ?"



J'aime l'idée de "prendre soin" de son orthographe, parce qu'il y a une question "d'esthétique" mais aussi de "se faire du bien".
Prendre soin, pour trouver du plaisir dans le résultat que l'on obtient.
Mais il faut l'avouer, on est très loin de cela !

Petit Coeur et moi nous avons fait un bout de chemin ensemble. Au bout de quelques mois...
Elle n'avait pas plus envie de "se casser la tête avec l'orthographe", rien n'avait changé !
Je me suis demandée... comment motiver ma fille ?
et puis, petit à petit, comme on glisse vers une pente "dangereuse",
j'ai commencé à me poser la question :

Qu'est ce que JE fais, pour motiver ma fille ?

Et flûte !!! en m'observant au quotidien, je n'ai rien trouvé de bien joli !
Je me vois perdre rapidement patience, vouloir lui imposer des exercices complémentaires,
la forcer à me réciter sa définition, sa conjugaison...pour voir si elle sait.

Bref, rien de bien Montessori !

C'est quoi l'attitude Montessori ?
le RESPECT, et tout d'abord celui du rythme de chacun...
Je me sens responsable de la façon peu diplomatique de réagir aux erreurs de ma fille.
Elle ne sait pas ... encore. Elle commence à maîtriser, et moi, j'attends comme si ma vie en dépendait de ... me rassurer avec des "bons résultats".

AAAAh ! quand les fils de notre enfance nous tiennent, c'est dur de ne pas avoir ces réactions quasi compulsives ! Car il s'agit bien de ça! ... J'ai besoin de ME rassurer, de dépasser tous ces instants de terreur face à l'attente des notes de dictées, ... de MON enfance !
Les psy seraient sûrement très clair là dessus : je ne prend pas assez de distance !

C'est là que naît le décalage entre ce que je sais : elle est en train d'apprendre,
et ce que je fais :je réagis avec un ton inapproprié (au minimum !)

Je me suis rendue à l'évidence : je ne me maîtrise pas assez quand il s'agit d'orthographe.
J'étais bien loin de la question du début : "comment faire comprendre à l'enfant l'intérêt de l'orthographe ?" Une question intellectuellement défendable ! et tellement plus confortable !

Non, il s'agit parfois de "faire un tour dans le placard de sa propre Vie, et d'y regarder avec confiance le miroir de son passé, ET de ce que l'on est aujourd'hui..." pour assumer et enfin trouver, peut-être doucement, la TENDRESSE envers soi-même nécessaire au changement !

Je venais de comprendre que ma façon de transmettre n'apportait pas que "du contenu" théorique sur "comment faire pour ne pas faire de fautes d'orthographes",
mais la question était chargée (parasitée devrais-je dire !)
de mes propres émotions personnelles.

Restait encore un sacré chemin (un chemin sacré ?) à parcourir ...
Il me fallait revenir aux choses essentielles : elle faisait son propre chemin, elle devait donc l'expérimenter par elle-même.
Et les erreurs en font partie.

Nous voudrions tellement leur épargner la souffrance de la chute !

Et là, je me suis vue au même âge, rouge de colère, crier à ma mère qui essayait de m'aider: "Mais maman ! tu ne vois pas que TON expérience, elle ne me sert à RIEN, JE dois faire ma propre expérience ! parce que tu ne peux pas me donner, comme ça, ce qu'il y a dans ta tête !, ça ne marche pas !"


mais alors... comment transmettre ? ...
puisqu'on ne peut pas faire profiter de sa propre expérience ?

Ne perdons plus de temps à "faire passer"
mais essayons de "l'aider à découvrir" (SE découvrir ?),
et pour ce qui est de la souffrance que l'on voudrait lui épargner... il faut s'appliquer à préparer l'environnement :

montrez où sont les ingrédients de la vie,
montrez lui la recette, (celle que vous tenez de vous ancêtres !!!),
laissez l'enfant la faire pas à pas, ... et laissez le goûter au résultat !
(Et SURTOUT ! Ne vous précipitez pas, comme moi, pour manger la première bouchée, à la sortie du four ! pour voir si c'est réussi !!! ... il se pourrait qu'il en soit fort vexé !)

Agir dans l'ambiance c'est ça ! Ne pas intervenir SUR l'enfant,
mais lui donner le matériel et le temps de se construire.
Aidons nos enfants à faire leur propre expérience, en partant de là où ils en sont.


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8 commentaires:

Anonyme a dit…

Hé bien, je trouve que tu as fait un sacré bout de chemin avec cette réflexion et tu m'en as fait faire aussi par la même occasion ! Merci pour cette réflexion. C'est très joliment dit en plus !

Florence a dit…

merci Aboz !

Anonyme a dit…

t'es vraiment vraiment super! Et c'est trés juste!! en plus j'en suis là avec mes enfants! Et c'est trés dur de gérer notre vécu d'enfant, nos peurs de parents (faisant l'école à la maison : visite de l'inspecteur...) et leur histoire!!! Comme nous sommes encrassé par tout cela et comme nous devenons une entrave pour eux! Alors il faut tendre à nous détendre!!! Merci florence

Anonyme a dit…

Merci beaucoup pour cet article. Chez nous, nous en sommes au stade de savoir si oui ou non nos petits iront à l'école. Parfois je doute, je me dis que je n'y arriverai pas, est-ce que j'en suis capable ? est-ce que je saurai leur faire comprendre telle ou telle notion ?
Mais tu viens de me faire comprendre qu'en choisissant d'instruire nos enfants, nous choisissont un autre chemin que celui que prend l'école. Ce sont des valeurs que nous voulons leur transmettre pour qu'ils puissent se construire par eux mêmes ...

Anonyme a dit…

Bonjour Florence,
Ta réflexion est intéressante et personnellement je l'extrapolerais encore plus loin. En faisant l'école à la maison, c'est toute notre identité de femme qui y est investi. Il est très facile de s'associer au succès de son enfant, de le faire sien, et de s'en faire une motivation(pour ne pas dire y trouver une reconnaissance sociale). Personnellement, j'ai obtenu de la reconnaissance étant jeune avec la bonne façon dont j'écrivais mon français. Lorsque ma fille me dit qu'elle se fiche de son français cela vient m'interpeller dans ma propre identité. C'est sans doute un des plus grands défis de l'école à la maison, ëtre mère et prof à la fois. Vouloir etre une mère aimante, attentionnée et tendre tout en voulant etre le maitre qui sait guider son élève vers des apprentissages qui seront signifiants pour lui. Vouloir faire les deux röles en se rappelant avoir été soi-mëme un enfant qui, rendu à l'age adulte, panse ses blessures du mieux qu'il le peut. Personnellement, je n'ai pas trouvé de solution facile. Comme tu le mentionnes, respecter mon enfant est le mieux que je peux faire. Pour y arriver, se connaïtre est un bon début. Cela permet d'anticiper ses réactions pour pouvoir prendre du recul et laisser à l'enfant faire son chemin. C'est tout un défi! Merci pour la réflexion!

Florence a dit…

merci France de ce commentaire,
oui, enfant, j'ai "mal vécu" mon orthographe, et à l'âge adulte, j'ai pu "me faire évoluer" et mon apprentissage n'a pas été sans douleur, mais allant à mon rythme, j'ai pu dépasser mes peurs. Aujourd'hui, j'aime écrire, ... et j'espère sans trop de fautes !
Le français est devenu un plaisir, parce que j'ai pu accéder à la compréhension, pas seulement apprendre des règles. En montessori, je me suis entrainée jusqu'à accéder à la règle.
J'espère que ma fille aura ce plaisir plus tard. Je vois déjà certains blocages s'estomper.
... et puis la confiance, toujours la confiance, avec une bonne louche de temps pour grandir à son rythme.
Amicalement
Florence

Zeprof a dit…

ça me remue beaucoup de choses tout ça... et ça me fait réfléchir... ma Puce n'en est pas encore à ce stade-là (elle est encore bien petite) mais ça va m'aider à avancer...

Tribudespandas a dit…

Si je peux apporter une petite pierre...
Comme tu l'as toi même changé au fil de ton post, il vaut mieux dire "erreur" plutôt que "faute". Il y a une notion de culpabilité, dûe à notre culture judéo-chrétienne dans le mot "faute", qui est employé aussi en dehors du champ grammatical...
J'utilise un petit adage personnel pour l'orthographe, qui est catastrophique chez mes 3 grands:
"Si la ponctualité est la politesse des rois, l'orthographe est celle de l'écrivain"
Et tout à coup, voilà l'enfant qui accède au statut d'écrivain. Ce n'est plus un "écolier qui potasse" mais un "écrivain qui est né". Ca a beaucoup touché les miens. Pour le reste, comment te dire: merci pour tout!